Abraham : Un Témoin
Située au cœur de l’ancienne Mésopotamie, sur les rives du puissant fleuve
Euphrate, la fabuleuse ville d’Ur était le centre d’un riche empire qui
attirait des commerçants du monde entier. Avec son port grouillant d’activité
proche du golfe Persique, « Ur était une métropole animée ! Dans ses rues
étroites, on trouvait des boutiques, des artisans qui fabriquaient tout – depuis
des articles en cuir jusqu’aux ornements précieux. Des charrettes à bestiaux et
des caravanes d’ânes y circulaient à foison. » Le paysage tout autour de la
ville était parsemé de troupeaux de moutons et de chèvres. Les riches terres
agricoles s’enorgueillissaient de bosquets de palmiers dattiers, et les champs
irrigués produisaient de l’orge, des lentilles, des oignons, et de l’ail.
La ville était dominée par une ziggourat massive – un
temple pyramidal en l’honneur de Sin, dieu de la lune. S’élevant à 19,8 mètres d’une
base mesurant 41,1 mètres par 60,96 mètres, la ziggourat comportait trois
plates-formes, chacune étant de couleur différente, et un sanctuaire d’argent
au sommet. On sait que des sacrifices humains y étaient pratiqués.
La ville et le
temple, construits peu de temps après la rébellion de la tour de Babel, étaient
un centre d’idolâtrie et de paganisme. Néanmoins, des influences corruptrices
de cette ville antique sont sorties l’un des témoins les plus fidèles de Dieu –
Abraham.
« Sollicité de tous côtés par l'idolâtrie, Abram, inébranlable,
demeurait incorruptible au sein de l'apostasie générale », a écrit Ellen White.
Comment cela lui fut-il possible, étant donné que Terah, son
propre père, servait « d'autres dieux » ? Il est possible qu'Abraham, né
environ 350 ans après le Déluge, ait appris l'existence du vrai Dieu du ciel
par son arrière-arrière-arrière-arrière-grand-père Héber, arrière-petit-fils de
Sem, fils de Noé. Alors que la plupart des générations de grand-père d'Abram
étaient déjà décédées, Héber vécut 464 ans, dont au moins 100 ans après la
naissance d'Abram7. Il est tout à fait possible qu'Héber ait partagé
la vérité de Dieu avec son jeune descendant.
Quelle que soit la manière dont Abraham apprit l'existence de
Dieu, nous savons que « c'est par la foi qu'Abraham, lors de sa vocation, obéit
et partit pour un lieu qu'il devait recevoir en héritage, et qu'il partit sans
savoir où il allait » (He 11.8).
Quittant ce qui était alors l'endroit le plus riche et le plus
civilisé de la planète, Abraham était prêt à être un témoin de Dieu partout où
il était appelé à aller. Examinons brièvement quelques-unes des façons dont ce
grand patriarche a été un témoin de Dieu.
UN TÉMOIN AUPRÈS DE SA FAMILLE
Après un bref séjour à Charan, où son père mourut, « Abram prit
Saraï, sa femme, et Lot, fils de son frère, avec tous les biens qu'ils possédaient
et les serviteurs qu'ils avaient acquis à Charan. Ils partirent pour aller dans
le pays de Canaan » (Gn 12,5). Plantant ses tentes
près de Sichem, Abram construisit d'abord « un autel à l'Éternel » (v. 7).
Lorsqu’il déménagea à nouveau, il « bâtit encore là un autel à l'Éternel, et il
invoqua le nom de l'Éternel » (verset 8), Encourageant le culte familial, Abram
invitait tous les membres de son campement aux sacrifices du matin et du soir.
Lorsqu'il s'installait dans un nouveau lieu, l'autel, lui, restait là, tel un
témoin silencieux pour tous ceux qui passaient par là.
Bien qu'Abraham fit preuve du « plus grand soin » pour «
exclure tout vestige de fausse religion », il était connu dans les communautés
où il habitait comme un homme bon, courtois, juste, et était respecté de tous.
UN TÉMOIN AUPRÈS DE LA COMMUNAUTÉ ELARGIE
Abraham était un homme pacifique. Lorsque des querelles éclatèrent
entre les bergers de Lot et les siens, il dit à son neveu : « Qu'il n'y ait
point, je te prie, de dispute entre moi et toi, ni entre mes bergers et tes
bergers ; car nous sommes frères. » (Gn 13.8)11
permit à Lot de choisir l'endroit où s'installer, et ce dernier opta pour la
riche et luxuriante vallée de Siddim, tandis
qu'Abraham, lui, resta clans les légions plus montagneuses.
Plus tard, lorsque tous les habitants de la vallée furent capturés
par le roi Kedorlaomer et ses alliés, Abraham montra
qu'il ne gardait aucune rancune à l'égard de l'ingratitude antérieure de Lot. «
Exempt de rancœur à son sujet, il sent se réveiller toute son affection pour
son parent et prend la résolution de le sauver. Après avoir cherché conseil
dans la prière, il se prépare à la guerre, » La victoire fut rapide et complète
! Tous les prisonniers et les biens furent récupérés, et Abraham attribua le
triomphe à Dieu.
Ellen White commente : « L’adorateur de Jéhovah avait non
seulement rendu un service au pays, mais il s'était montré un homme de valeur.
On reconnut que la piété n'est pas synonyme de lâcheté, et que sa religion ne
l'empêchait pas d'être courageux dans la défense du droit et la protection des
opprimés. Son geste héroïque le fit connaître de toutes les tribus d'alentour. »
Abraham était un éducateur et, alors qu'il partageait sa foi, son
campement s'agrandissait et finit par compter plus de 1000 personnes. « Ceux
qui, par ses enseignements, étaient amenés à adorer le vrai Dieu, trouvaient un
gîte dans son camp. Là, comme dans une école, ils recevaient des enseignements
qui devaient les préparer à être les représentants d'une foi pure et véritable.
La responsabilité du patriarche était grande. Il formait de futurs chefs de
famille qui introduiraient plus tard ses méthodes de gouvernement dans leurs
propres maisons. »
Abraham était respecté de toutes les nations environnantes. « Son
invariable fidélité envers son Dieu, son affabilité, sa bienfaisance et sa
noble simplicité lui étaient rendues en confiance, en amitié, en respect et en
honneurs ».
UN TÉMOIN DEVANT DIEU ET LES ÊTRES NON DÉCHUS
Abraham honorait Dieu, et Dieu l'honorait en lui parlant
directement et en lui révélant ses desseins. Néanmoins, le patriarche était
humain. Les Écritures rapportent au moins trois épisodes où sa foi a vacillé :
1) lorsqu'il a menti à Pharaon au sujet de son lien de parenté avec sa femme (Gn 12.10-20) ; 2) lorsqu'il a pris Agar comme épouse pour
produire un héritier (Gn 16.1-4); 3) lorsqu'il a
menti au roi Abimélec en lui disant que Sara était sa sœur (Gn
20). Ces exemples révèlent le danger : 1) d'aller là où Dieu ne nous a pas
appelés à aller, et 2) d'écouter ceux qui essaient peut-être d'aider, mais
font exactement le contraire parce que leur raisonnement n'est pas conforme aux
instructions divines.
« Dieu
avait appelé Abraham à être le père des croyants. Sa vie devait servir
d'exemple aux générations futures. Mais sa foi n'avait pas été parfaite [...].
Aussi, pour lui donner plus de confiance en son Père céleste, Dieu va le
soumettre à une nouvelle épreuve, la plus dure qu'aucun homme ait jamais été
appelé à subir. »
Dieu lui donna cet ordre ; « Prends ton fils, ton unique, celui
que tu aimes, Isaac ; va-t'en au pays de Morija, et là offre-le en holocauste
sur l'une des montagnes que je te dirai. » (Gn 22.2)
Abraham savait que les sacrifices humains étaient des rituels d'adoration
pratiqués non par le Dieu du ciel, mais par les païens ! Par conséquent, cet
ordre n'avait aucun sens. Pourquoi Dieu lui demanderait-il de sacrifier le fils
de la promesse ? Cependant, après avoir lutté dans la prière, le patriarche âgé
obéit à l'ordre divin par la foi.
« Humain et sujet aux mêmes faiblesses, aux mêmes penchants que
nous, il ne s'est pas demandé comment la promesse divine pourrait se concilier
avec la mort d'Isaac. Il ne s'est pas arrêté à parlementer avec son cœur
saignant. Convaincu que Dieu est juste dans toutes ses exigences, il a obéi à
la lettre. »
II était loin de se douter que tout le ciel était impatient de
voir ce qu'il allait faire. Abraham et Isaac étaient loin de se rendre compte
que ce qu'ils faisaient serait une leçon du plan de salut pour l'univers
entier. Ils étaient loin de se douter que ce serait à l'endroit même où ils
étaient appelés à aller que Dieu sacrifierait son propre Fils pour notre salut.
« Les êtres célestes furent témoins de la scène émouvante où
s'affirma la foi d'Abraham et la soumission de son fils. [...] L'obéissance
calme et ferme d'Abraham frappa tout le ciel de stupeur et d'admiration ; et
une joie unanime éclata en son honneur. Les accusations de Satan s'étaient
avérées mensongères. [...] L'alliance de Dieu ratifiée avec Abraham par un
serment, en présence des habitants des autres mondes, assurait la récompense
des fidèles.
« Les anges eux-mêmes avaient difficilement compris le mystère de
la rédemption [...], Aussi, lorsque Abraham reçut l'ordre d'offrir son fils en
sacrifice, tout le ciel fut alerté. Dès ce moment, avec une attention
haletante, les anges suivirent instant après instant les faits et gestes du
patriarche. Quand Isaac demanda : "Où est l'agneau pour le sacrifice
?" et quand Abraham répondit : "Dieu se pourvoira lui-même d'un
agneau" ; lorsque la main du père fut arrêtée, au moment où il allait
frapper Isaac et où le bélier divinement préparé fut offert à sa place, —
alors la lumière se fit sur le mystère de la rédemption et, mieux
qu'auparavant, les anges comprirent le plan merveilleux conçu par Dieu pour
assurer le salut de l'humanité. »
UN EXEMPLE DE TÉMOIGNAGE EXCEPTIONNEL
La vie de foi, d'obéissance et de service d'Abraham est un exemple
important de témoignage pour nous aujourd'hui. L'influence silencieuse de sa
vie quotidienne, son intégrité inébranlable, sa générosité, sa courtoisie et
son beau caractère ont révélé à tous qu'il était en communion avec le ciel. Il
était capable de regarder au-delà de ce que l'on voit et de saisir les réalités
éternelles. « Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice. » (Rm 4.3)
Extrait de Revue
De la Semaine de
Prière 2023
Pasteur Ted N.C.
Wilson