L'histoire de Ruth commence par le départ pragmatique
d'Élimélec et des siens ; Naomi, sa femme, et Machlon
et Kiljon, leurs fils. Ils se rendirent à Moab pour
échapper à la famine qui sévissait dans leur pays. Humainement parlant, ce
déménagement était tout à fait sensé - logique, pratique. Les migrations
massives qui caractérisent une grande partie du monde aujourd'hui montrent que
les gens se déplacent encore dans le même but : avoir enfin une vie plus
facile, une vie meilleure. Ces migrations sont devenues si courantes que l'on
peut considérer, quand on aspire à une vie meilleure et plus prospère, comme
une sagesse conventionnelle le fait de déménager dans les villes de son pays
d'origine, ou encore dans des pays davantage développés en matière d'économie.
Ne pas aspirer à prendre de telles mesures - que l'on soit
en quête d'occasions ou que l'on cherche à profiter des occasions
ouvertes - est très souvent critiqué comme étant un manque d'ambition. Cela
veut souvent dire être jugé comme étant peu pragmatique et peu sage. Ce sont là
quelques-unes des questions auxquelles les gens sont confrontés lorsqu'ils
doivent prendre la décision de bouger ou de ne pas bouger.
Au fond, il s'agit de s'assurer le meilleur mode de vie possible
! C'est là le défi auquel furent confrontés d'abord Élimélec et sa famille,
puis Naomi, Ruth et Orpa.
Quel chemin spécifique mènerait ces dernières à la
meilleure vie possible ?
NAOMI
Voici la recommandation que Naomi donna à ses belles-filles
: « Allez, retournez chacune à la maison de sa mère ! Que l'Éternel use de
bonté envers vous, comme vous l'avez fait envers ceux qui sont morts et envers
moi ! Que l'Éternel vous fasse trouver à chacune du repos dans la maison d'un
mari ! » (Rt 1.8, 9) Naomi, elle, retournerait dans
sa patrie. Selon la sagesse populaire, la décision la plus pragmatique à
prendre pour Naomi et ses belles-filles était de retourner dans leurs familles
respectives. Naomi considérait que c'était ainsi que Ruth et Orpa auraient la meilleure
chance de se remarier, et par conséquent, d'entrer dans une vie nouvelle et
meilleure. Quelle réponse firent-elles à Naomi ?
ORPA
Naomi aimait Orpa, et celle-ci le lui rendait bien - ce que
nous indiquent leurs larmes. On peut même en déduire qu'Orpa respectait sa
belle-mère Sa décision de retourner chez elle pouvait donc découler à la fois
de l'amour et du respect qu'elle lui vouait. Son raisonnement peut même l'avoir
poussée à accepter l'argument de Naomi selon lequel son retour chez elle lui offrirait
la meilleure occasion possible de mener une vie convenable - peut-être
avec un mari et des enfants. Quelles qu'aient été ses raisons, Orpa décida de
rentrer chez elle.
RUTH
La décision de Ruth semble contradictoire - son raisonnement
se heurtait au pragmatisme conventionnel. Sa détermination remettait
directement en question la logique de Naomi. À première vue, on aurait dit
qu'elle avait certainement moins de respect pour la suggestion de Naomi qu'en
avait Orpa. Ruth ne semblait pas se préoccuper de la façon dont elle allait
survivre. Elle était jeune - se remarierait-elle ? Que lui arriverait-il ?
Trouverait-elle du travail ?
Dans Matthieu 6, on dirait que Jésus pensait à l'histoire
de Ruth : « Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni
pour votre corps, de quoi vous serez vêtus. » (6.25) Tout ce dont Ruth semblait
se soucier, c'était de Naomi et de son Dieu i « Ne me presse pas de te laisser,
de retourner loin de toi ! Où tu iras j'irai, où tu demeureras je demeurerai ; ton
peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu » (Rt
1.16). Quelle foi audacieuse ! Ce type de foi accorde plus de valeur à la
relation avec Dieu qu'à la conformité à la sagesse humaine conventionnelle.
Encore une fois, Matthieu 6.33 résume la foi de Ruth : « Cherchez premièrement
le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données
par-dessus. » À coup sûr, l'histoire de Ruth atteste la véracité de ce verset !
REFUS DU CHANGEMENT
II est important de noter que la décision d'Orpa de
retourner chez elle signifiait qu'elle tournait le dos au Dieu du ciel, comme
le dit le texte : « Voici, ta belle-sœur est retournée vers son peuple et
vers ses dieux » (Rt 1.15). Cet exemple est
instructif car il touche au cœur même des implications des nombreuses décisions
que nous prenons aujourd'hui. Souvent, on met Dieu à l'écart des détails.
Souvent, on ne veille pas à ce qu'à la fin d'une formation, notre relation avec
Dieu soit améliorée. Souvent, on résiste au changement dont on pourrait faire
l'expérience parce que la religion de nos parents est celle que nous connaissons
et avec laquelle nous sommes à l'aise.
Il convient de noter que tout changement n'est pas
forcément bon, et que tout mouvement n'est pas forcément signe de progrès.
Parfois, on est prêt à bouger, mais on s'accroche obstinément à nos anciennes
habitudes ; parfois on change, mais pas pour le mieux. Si Dieu n'est pas au
premier plan de nos choix, notre vie peut prendre de nombreuses directions.
En lisant l'histoire de Ruth, il est peu probable de
trouver un signe de résistance ouverte d'Orpa envers Dieu. C'est juste que son
niveau d'intérêt pour lui ne suffise pas à ce qu'elle insiste pour suivre un
chemin qui mènerait à une meilleure relation avec lui. Elle a donc choisi de retourner
à ses anciennes habitudes, à son ancienne religion.
Cependant, les Écritures nous encouragent à croître dans la
grâce et dans la connaissance de notre Seigneur .et sauveur Jésus-Christ (voir
2 P 3.18), Quand on croît en grâce, on fait l'expérience du changement. Ce
verset parle aussi de croissance dans la connaissance - soit de
l'apprentissage. L'apprentissage et le changement vont de pair. L'apprentissage
c'est, dans un sens, un changement de comportement. Ainsi, alors que nous
croissons dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur
Jésus-Christ, nous changeons.
AFFRONTER L'INCONNU
Le calcul apparemment évident de la décision de Ruth
d'accompagner Naomi va comme suit.
Elle a résolu d'aller là où Naomi irait On a là une nette ressemblance avec
Moïse, lequel choisit d'être maltraité avec le peuple de Dieu plutôt que
d'avoir pour un temps la jouissance du péché (voir Heb
11.25). Dès que l'on commence à se tourner vers Dieu, quelque chose fait en
sorte qu'on est attiré par le peuple de Dieu.
Elle a remis l'issue de sa vie entre les mains de
Dieu. Ruth s'en
est simplement remise à Dieu jusqu'à la mort. Comme elle est réconfortante
cette assurance que Jésus nous a donnée plus tard : « le suis la résurrection
et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort » (Jn 11.25) 1 Ruth a probablement eu le pressentiment qu'un
avenir glorieux l'attendait.
Comme cela ne serait pas instantané, elle a dû l'accepter
par la foi.
Ruth a été transformée. Elle ne voulait plus être réconfortée
par la culture et les coutumes de son pays. Elle avait besoin de quelque chose
de nouveau - elle avait besoin de Dieu ! Et malgré tout ce qu'elle ignorait de
l'avenir, elle en savait assez sur le Dieu de l'avenir pour affronter l'inconnu
avec lui.
Extrait de la Revue
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