INTRODUCTION
Corinthe, capitale de l’Achaïe, était une ville faite pour briller à une époque de décadence. Son beau climat, sa richesse, l’affluence extraordinaire des étrangers dans ses murs, tout contribuait à y amollir les mœurs. L’Epitre de Paul aux Corinthiens est l’une des épitres les plus importantes du groupe sotériologique. C’est comme le disait Findlay, « l’Epitre de la croix dans son application sociale ». Le danger qui, à Corinthe menaçait plusieurs membres du troupeau, est précisément la grande tentation de nos jours ; une véritable idolâtrie de la sagesse humaine préférée à la vérité éternelle de Dieu, le relâchement des principes moraux, la sensualité, une fausse spiritualité dans laquelle s’évapore le puissant réalisme de la Bible, la prédominance d’un subjectivisme qui franchit toutes les limites imposées d’en haut à l’intelligence et à la liberté humaines : ne sont-ce pas là les principales maladies de notre temps ? Les travers contre lesquels lutte l’apôtre Paul sont les mêmes que ceux de notre époque, en particulier, comme le dit Fréderic Godet : « la tendance à faire des vérités religieuses l’objet de l’étude intellectuelle plutôt que du travail de la conscience et de l’acceptation du cœur, la disposition, qui en résulte, à ne point placer toujours la conduite morale sous l’influence de la conviction religieuse, et à donner essor à celle-ci plutôt par le discours oratoire que par l’énergie de la sainteté, ce sont là des défauts que plus d’une nation moderne partage avec le peuple Grec. » Paul cherche dans les profondeurs de l’Evangile le principe permanent qui s’applique au phénomène passager, de telle sorte que pour juger les manifestations et les tendances analogues de nos jours, nous n’avons qu’à redescendre nous-mêmes de la règle pratique par laquelle il termine chacune de ses discussions jusqu’au principe évangélique où il l’a puisée, afin d’appliquer à notre tour ce principe au phénomène contemporain qui nous préoccupe.